Zangalewa

par Alicepegie

Nous sommes en 1986. La télévision camerounaise fait ses premiers pas. Sur le petit écran, un clip des Golden Sounds est très souvent diffusé. Le film met en scène des hommes : Guy Dooh, Ze Bella, Eyebe et Kojidie, quatre gendarmes en service à la garde présidentielle.
Sur un rythme cadencé qui rappelait les entraînements des militaires, les Golden Sounds égayent les téléspectateurs. Le groupe est très vite adopté par le public. Un auditoire attiré non seulement par son originalité, mais aussi par la variété des rythmes musicaux. Ils font à la fois du high-life, du makossa, du bikutsi et de la musique zoulou. Ils s’habillent en uniforme militaire, et exhibent des ventres bedonnants et des arrières-trains grossis par des chiffons. Tous ces éléments changent positivement l’image sévère que beaucoup ont du militaire à l’époque. Avec le titre Zangalewa, les Golden Sounds font un tabac. Et Claude Tchameni, le producteur de la maison Ebobolo Fia, leur versera un cachet de 30 millions de Fcfa.

Le titre de cet album par lequel le groupe s’est fait connaître a été inspiré, selon Dooh, par l’exclamation d’un militaire étranger venu en formation au Cameroun. “Comme il se plaignait, un de nos camarades lui a demandé en langue Ewondo: qui l’avait envoyé ? (Za engalomwa)”, explique-t-il.
En dehors des militaires qu’on aperçoit dans ce premier clip, il y a une jeune chanteuse qui ne fait pas partie de la Garde présidentielle : elle s’appelle Annie Anzouer et a été présentée aux autres par Georges Seba, chanteur camerounais bien connu. Elle apparaît pour la première fois aux yeux des téléspectateurs dans le second clip réalisé, celui du titre à succès Maladie difficile à soigner. Un autre membre, Kero, a aussi rejoint l’équipe entre-temps. Après les albums Zangalewa et Caporal grillé sous le nom de Golden Sounds, le groupe change de dénomination. “Nous nous sommes fait connaître au public sous le nom des Golden sounds. Malheureusement, ce nom étant celui de l’orchestre de la Garde présidentielle dans lequel Ze Bella, Eyebe, Kojidie et moi évoluons aussi. Nous avons préféré changer. C’est pour ça qu’après, le groupe va s’appeler Zangalewa en mémoire à un notre premier album qui nous a fait connaître”, explique Dooh.

Disparition
Après quatre albums sortis sur le marché du disque camerounais (Zangalewa, Caporal grillé, et Zangabiduwa et Casque colonial), le groupe ne se maintiendra pas au sommet. Il disparaît pratiquement après la sortie de Casque colonial, dans les années 1990. On lie ce silence à des ennuis que ses membres auraient eu au sein de l’armée. Ce qu’ils réfutent : “Nous ne sommes plus le même nombre et nous n’avons plus commis d’album, mais le groupe Zangalewa existe toujours. Ze Bella et moi faisons des spectacles en privé selon les sollicitations”, explique Guy Dooh, un des deux membres fondateurs du groupe.
Restés visibles sur la scène musicale, quelques-uns comme Ze Bella et Annie Anzouer tentent de mener une carrière solo. Emile Kojidie a démissionné de l’armée pour s’exiler en Angleterre. Luc Eyebe, aujourd’hui lieutenant, et Kero, ne font plus parler d’eux. Tandis qu’Annie Anzouer, la seule femme du groupe est devenue une artiste confirmée classée parmi les grandes stars de la chanson camerounaise. Elle a à son actif quatre albums. Le plus récent, Si malaya, marche plutôt bien et elle vit pratiquement. Il nous a été difficile de la joindre, car elle se trouve actuellement en France.

Par ailleurs, une fois parti à la retraite, Ze Bella, l’autre membre fondateur du groupe, va continuer de chanter. Dans son dernier opus, l’ex-membre des Zangalewa chante pour les femmes du monde. Aujourd’hui encore, la couleur de sa voix et son timbre restent évocateurs. Comme autrefois, lorsqu’avec les autres membres du groupe, il fit irruption sur la scène musicale camerounaise. Il garde cependant les séquelles d’un accident survenu lorsqu’il était dans la presqu’île de Bakassi. Quant à Guy Dooh, la barbe taillée en cerceau, le ventre proéminent, l’adjudant-chef n’a pas vraiment changé. Des années après le succès du groupe, le gendarme a gardé son embonpoint. Il a peut-être du mal à perdre ces quelques kilos en trop qui lui ont valu le surnom de Big Bèlè (gros ventre, en pidgin english) et qui ont contribué à le rendre davantage célèbre. Une notoriété dont il jouit toujours. Dans la ville de Douala, où il a été affecté, il ne passe pas inaperçu. Ce vendredi 11 novembre 2005, au quartier Bonapriso où Guy Dooh vit, ses voisins ne se lassent pas de se retourner à son passage et de lui lancer un mot aimable. C’est la même attitude à la 2ème région de gendarmerie où il officie désormais. Autant de choses qui le poussent à revenir sur la scène musicale. “Je viens de finir mon album. J’attends que mon producteur le mette sur le marché”, dit-il. Semaine Mindef, le titre de cet album, relate l’ambiance qui suit la période des salaires chez les militaires.

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2 commentaires

Annie Anzouer 25/02/2012 - 10:18

[…] plonge systématiquement dans un univers sain, celui d’Annie. on l’a connu avec le groupe Golden sounds , aujourd’hui elle évolue toute […]

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Annie Anzouer - A seed of Maniguette 03/10/2012 - 02:31

[…] plonge systématiquement dans un univers sain, celui d’Annie. on l’a connu avec le groupe Golden sounds , aujourd’hui elle évolue toute […]

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